Soins de santé et assistance sociale (SCIAN 62): Québec, 2024

FAITS SAILLANTS

  • L'industrie des soins de santé et de l'assistance sociale est celle qui emploie le plus de travailleurs au Québec, avec près de 600 000 travailleurs, représentant 14 % des emplois de la province.

  • En 2023, l'emploi en santé et assistance sociale est demeuré stable par rapport à l'année précédente, malgré les importants besoins de travailleurs supplémentaires.

  • Pour la période 2024-2026, les perspectives d'emplois dans la santé et l'assistance sociale demeurent excellentes, en raison d'une population croissante et vieillissante et d'une augmentation des dépenses gouvernementales en santé et en assistance sociale.

À PROPOS DU SECTEUR

Composition et importance du secteur

Le secteur des soins de santé et de l'assistance sociale est le plus grand employeur du Québec avec 595 500 travailleurs, ce qui représente 13,6 % de l'emploi québécois pour la période 2021-2023. Il s'agit d'une proportion croissante sur 20 ans et supérieure à celle de l'Ontario (12,2 %) et de l'ensemble du Canada (13,2 %). La part du produit intérieur brut (PIB) québécois qui provient des soins de santé et de l'assistance sociale est de 9,2 %.

Selon les données provisoires de l'Institut canadien d'information sur la santé (ICIS) de 2023, les dépenses totales de santé par habitant au Québec, à 8 785[BGG[1] $, sont légèrement supérieures à celles de l'Ontario (8 245 $), mais comparables à celles de l'ensemble du Canada (8 740 $). Le Québec se démarque avec une part un peu plus importante des dépenses provenant du secteur public (72,3 %) par rapport à l'Ontario (69,5 %) et à l'ensemble du Canada (71,0 %), mais la différence s'est amoindrie au cours des dernières années.

Dans l'industrie des soins de santé et de l'assistance sociale, les hôpitaux regroupent 44,9 % des emplois, alors que l'assistance sociale, qui inclut notamment les garderies, compte pour 24,4 % des emplois. Les services de soins ambulatoires (19,3 %) et les établissements de soins infirmiers et de soins pour bénéficiaires internes (11,4 %) complètent le portrait.

GRAPHIQUE 1 Emploi par sous-secteur
Services de soins ambulatoires Hôpitaux Établissements de soins infirmiers et de soins pour bénéficiaires internes Assistance sociale
19.3 % 44.9 % 11.4 % 24.4 %
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active.

Répartition géographique de l'emploi

L'industrie des soins de santé et de l'assistance sociale est présente dans toutes les régions du Québec, mais sa part relative varie d'une région à l'autre. La région métropolitaine de recensement (RMR) de Montréal regroupe près de la moitié des travailleurs de la santé et de l'assistance sociale, une proportion semblable à celle de l'ensemble des industries, et qui s'explique par la concentration de la population québécoise dans cette région ainsi que par une offre de soins spécialisées suprarégionale.

C'est dans les régions de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine (20,5 %), du Bas-Saint-Laurent (17,5 %) et de la Mauricie (16,9 %) que les parts des travailleurs dans la santé et l'assistance sociale dans l'emploi régional sont les plus importantes. Ces plus fortes proportions s'expliquent soit par un vieillissement plus rapide de leur population ou un grand territoire à desservir avec une faible densité de population. Les régions du Centre-du-Québec (11,2 %), des Laurentides (12,4 %) et de la RMR de Montréal (12,7 %) ont les proportions les plus faibles.

TABLEAU 1 Emploi par région

Région Emploi moyen
2021-2023
Part de l'emploi total
Canada 2 596 700 13,2 %
Québec 595 500 13,6 %
Ontario 934 600 12,2 %
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active.

MAIN-D'ŒUVRE

Caractéristiques de la main-d'œuvre

Une large majorité des emplois, 81 %, sont occupés par des femmes, soit la plus forte proportion parmi les 20 principaux secteurs. La part des travailleurs âgés de 15 à 24 ans est un plus faible (9,2 %) que dans l'ensemble des industries (13,2 %). Cela peut s'expliquer par la présence de nombreuses professions qui exigent un niveau d'études universitaires. La proportion des travailleurs âgés de 55 ans et plus est aussi inférieure (19,8 %) à celle de l'ensemble des industries (21,9 %), sans doute en raison de la proportion importante de travailleurs qui bénéficient d'un régime de retraite. Près des deux tiers des employés de l'industrie sont couverts par un syndicat par rapport à 39,1 % pour l'ensemble des industries.

Environ 80 % des travailleurs occupent un emploi à temps plein, une proportion qui a augmenté depuis 10 ans, et 11,6 % sont des travailleurs autonomes, des proportions similaires à l'ensemble des industries.

Finalement, le niveau d'éducation moyen est plus élevé dans la santé et l'assistance sociale. La plupart des travailleurs y possèdent un certificat ou un diplôme d'études postsecondaires (48,8 %) ou encore un grade universitaire (35,8 %), des proportions supérieures à celles dans l'ensemble des industries (41,2 % et 31,7 % respectivement). Ainsi, seulement 3,6 % des travailleurs n'ont aucun diplôme (9,3 % pour l'ensemble des industries), et 11,9 % des travailleurs ont, comme plus haut niveau d'études, un diplôme d'études secondaires, par rapport à 17,7 % pour toutes les industries.

TABLEAU 2 Principales professions du secteur

Profession Emploi moyen
2021-2023
Part du secteur
33102 Aides-infirmiers/aides-infirmières, aides-soignants/aides-soignantes et préposés/préposées aux bénéficiaires 81 825 13,6 %
31301 Infirmiers autorisés/infirmières autorisées et infirmiers psychiatriques autorisés/infirmières psychiatriques autorisées 66 800 11,1 %
42202 Éducateurs/éducatrices et aides-éducateurs/aides-éducatrices de la petite enfance 61 650 10,3 %
13100 Agents/agentes d'administration 26 580 4,4 %
65310 Préposés/préposées à l'entretien ménager et au nettoyage - travaux légers 21 010 3,5 %
Source : Statistique Canada, Recensement 2021.

ÉVOLUTION RÉCENTE

Avant la pandémie de COVID-19, le secteur des soins de santé et de l'assistance sociale a connu une progression pratiquement continue de ses effectifs entre 2014 et 2019, en raison de la croissance de la population, de son vieillissement et des sommes investies par le gouvernement afin d'augmenter les services. En 2020, l'emploi du secteur a diminué, mais plus faiblement que dans l'ensemble des industries. Les mises à pied, peu nombreuses, ont été temporaires et ont surtout affectées le personnel administratif et de soutien dans les services de soins ambulatoires. Le recul s'explique aussi par les nombreux départs et absences dans le réseau de la santé, particulièrement dans les centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). Les dépenses en santé, en dollars constants, ont bondi fortement, en raison des dépenses extraordinaires pour lutter contre la pandémie.

Alors que la majorité des industries affichait une reprise d'emploi en 2021, l'emploi est demeuré relativement stable dans les soins de santé et l'assistance sociale. Les dépenses totales en santé, après avoir fortement augmenté en 2020, ont ralenti leur progression. La pandémie de COVID-19 a continué de faire pression sur le personnel du réseau de la santé, où les postes vacants demeuraient nombreux. Partout dans la province, des centres de vaccination ont été mis sur pied, alors que des retraités et des travailleurs provenant d'autres secteurs ont été embauchés pour assurer leur opération.

En 2022, la croissance de l'emploi en santé et assistance sociale reprend, ce qui lui permet de revenir pratiquement à son niveau prépandémique. La croissance provient essentiellement du sous-secteur des hôpitaux et de la reprise des services de soins ambulatoires. L'emploi diminue toutefois dans les établissements de soins infirmiers et de soins pour bénéficiaires internes et dans l'assistance sociale, surtout en raison des importants problèmes de recrutement. Après deux années de forte croissance liée aux coûts de la lutte à la pandémie, les dépenses totales en santé diminuent, tout en étant supérieures à la période prépandémie.

Plus récemment, en 2023, l'emploi est demeuré stable dans l'industrie des soins de santé et de l'assistance sociale, bien que la demande en personnel demeure très élevée. Le niveau d'emploi dans les établissements de soins infirmiers remonte pour une première fois depuis 2020, les mesures du gouvernement pour accélérer le recrutement, notamment à l'international, permettant enfin de hausser l'emploi. Les services de soins ambulatoires poursuivent leur croissance, alimentée par la croissance de la population. Les hôpitaux affichent un recul de l'emploi alors que ce sous-secteur a été le moteur de croissance au cours des dernières années. Finalement, les effectifs continuent de diminuer dans l'assistance sociale. La prévision des dépenses totales en santé, en dollars constants, montre une légère diminution pour 2023, tout en demeurant largement supérieures à ce qu'elles étaient en 2019.

GRAPHIQUE 2 PIB réel, dépenses totales en santé et emploi*
2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023
PIB réel 100 101 103 104 107 112 112 121 123 123
Dépenses totales en santé (en dollars constants 1997) 100 104 108 111 115 119 138 146 138 138
Emploi 100 100 99 100 104 108 103 103 107 107
Sources : Institut de la statistique du Québec; Institut canadien d'information sur la santé, Dépenses totales de santé; Statistique Canada, Enquête sur la population active.
* Les données sont exprimées sous forme d'indice où l'année 2014 = 100

PERSPECTIVES D'EMPLOI

Pour la période de prévision 2024-2026, la croissance de l'emploi dans le secteur des soins de santé et de l'assistance sociale devrait être supérieure à l'ensemble des industries.

La demande en soins de santé et en assistance sociale est liée à la croissance de la population, à son vieillissement et aux besoins en soins, tandis que l'offre de services dépend de la rétention des travailleurs déjà en poste, de la capacité d'embaucher du personnel et des sommes investies, principalement par le gouvernement.

D'ici 2026, la population du Québec augmentera en moyenne de 0,6 % par année, selon les prévisions de l'Institut de la statistique du Québec. La population âgée de 65 ans et plus augmentera de façon plus marquée, de 3,0 % en moyenne par année. En 2026, les 65 ans et plus représenteront alors 23 % de la population québécoise.

Chaque année, le gouvernement prend des mesures et augmente les budgets pour améliorer les services et les rendre plus accessibles à la population, ce qui implique des embauches supplémentaires de personnel. En 2024-2025, près de 43 % du budget du gouvernement du Québec est destiné au portefeuille ministériel de la santé et des services sociaux.

Les pénuries de personnel demeurent importantes, et celles-ci touchent plusieurs professions de cette industrie et de nombreuses régions du Québec. Plusieurs mesures gouvernementales visent notamment à recruter massivement et à favoriser la rétention, notamment en améliorant les conditions de travail, en embauchant à l'étranger et en implantant des programmes de formation accélérée.

Particularités des sous-secteurs

Dans les hôpitaux , les besoins en personnel demeurent importants pour maintenir les services actuels, mais aussi pour répondre à la croissance et au vieillissement de la population et pour améliorer l'offre de service. Le nombre de postes vacants dans les hôpitaux est demeuré très élevé au 1er trimestre 2024, avec 17 500 postes vacants, en croissance par rapport à un an plus tôt. Le taux de postes vacants, ou sa proportion, y est d'ailleurs le plus élevé des quatre sous-secteurs.

Le sous-secteur des soins ambulatoires devrait aussi connaître des gains d'emplois. En plus de la hausse des besoins liée à la croissance de la population, de nouvelles mesures alimenteront la croissance de l'emploi, notamment l'ouverture de plusieurs cliniques d'infirmières praticiennes spécialisées, le recours aux cliniques privées pour réaliser des chirurgies, afin de réduire les listes d'attente, et la bonification de l'offre et du financement des soins de santé à domicile.

La demande pour de nouveaux travailleurs dans le sous-secteur des établissements de soins infirmiers et de soins pour bénéficiaires internes est aussi très importante et le demeurera pour la période de prévision. Celle-ci proviendra à la fois de la poursuite du rattrapage des pertes enregistrées dans les dernières années, mais aussi de l'ouverture de quelques maisons des aînés supplémentaires.

Dans l' assistance sociale , le nombre d'emplois devrait croître en fonction de l'augmentation et de la diversification des besoins en services sociaux. La hausse de l'insécurité économique des ménages, la pénurie de logements et l'augmentation de l'itinérance pourraient aussi faire augmenter les besoins. Le gouvernement a multiplié les annonces pour rehausser et améliorer l'accès aux services, notamment en matière de protection de la jeunesse et de la lutte à l'itinérance. De plus, les régimes d'assurance collective ont amélioré l'accessibilité aux soins privés en santé mentale, ce qui devrait aussi soutenir la croissance d'emplois. Malgré que de nouvelles places subventionnées en garderie aient été annoncées et que les processus pour ouvrir de nouvelles installations aient été simplifiés, la demande pour des places subventionnées va demeurer très importante pour les prochaines années, notamment avec l'afflux de l'immigration.


POUR PLUS D'INFORMATION

Les auteurs ont pris un soin particulier à rédiger ce document en fondant leurs recherches sur des informations sur le marché du travail qui étaient exactes et pertinentes au moment de la publication. Le marché du travail étant en évolution constante, les données fournies peuvent avoir changé depuis la publication de ce document. Nous encourageons les lecteurs à consulter d'autres sources pour obtenir des renseignements supplémentaires sur l'économie et le marché du travail locaux. Les renseignements présentés dans ce document ne reflètent pas nécessairement les politiques officielles d'Emploi et Développement social Canada.

Préparé par : Direction de l'analyse du marché du travail, Service Canada, Québec. Pour de plus amples informations, veuillez communiquer avec l'équipe de l'IMT


ANNEXE

TABLEAU A1
Répartition géographique de l'emploi et perspectives d'emploi au Québec, moyenne 2021-2023

Soins de santé et assistance sociale
Région Part de l'emploi
au Québec
Part de l'emploi
dans la région
TCAM*
Ensemble du QUÉBEC 100,0 % 13,6 % 1,3 %
Abitibi-Témiscamingue 2,0 % 16,5 % 2,7 %
Bas-Saint-Laurent 2,7 % 17,5 % 7,5 %
Capitale-Nationale 9,7 % 14,8 % 4,0 %
Centre-du-Québec 2,4 % 11,2 % –3,6 %
Chaudière-Appalaches 5,1 % 13,6 % –3,6 %
Côte-Nord / Nord-du-Québec 1,3 % 16,0 % –2,4 %
Estrie 4,4 % 16,1 % –2,1 %
Gaspésie–Les-Îles 1,2 % 20,5 % 3,9 %
Lanaudière 6,9 % 15,1 % –0,8 %
Laurentides 6,9 % 12,4 % 2,0 %
Mauricie 3,4 % 16,9 % –8,4 %
Montérégie 18,0 % 12,8 % 6,3 %
Outaouais 4,4 % 12,8 % 0,8 %
Saguenay–Lac-Saint-Jean 3,3 % 15,7 % –0,7 %
Montréal(région métropolitaine) 50,1 % 12,7 % 1,8 %
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active.
* Taux de croissance annuel moyen des trois dernières années.

TABLEAU A2
Caractéristiques de la main-d'œuvre au Québec, moyenne 2021-2023

Soins de santé et assistance sociale
Caractéristique Volume Part dans le secteur Part dans l'ensemble des secteurs
Emploi total 595 500 100 0% 100,0 %
Hommes 113 400 19 0% 52,5 %
Femmes 482 100 81 0% 47,5 %
15-24 ans 55 000 9 2% 13,2 %
25-54 ans 422 700 71 0% 64,9 %
55 ans et plus 117 700 19 8% 21,9 %
Emploi à temps plein 477 600 80 2% 81,9 %
Emploi à temps partiel 117 900 19 8% 18,1 %
Employé 526 300 88 4% 88,5 %
Travailleur autonome 69 100 11 6% 11,5 %
Aucun diplôme 21 300 3 6% 9,3 %
Diplôme d'études secondaires 70 800 11 9% 17,7 %
Certificat ou diplôme d'études postsecondaires 290 400 48 8% 41,2 %
Grade universitaire 213 100 35 8% 31,7 %
Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active.
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