Services d'enseignement (SCIAN 61): Québec, 2024
FAITS SAILLANTS
Les perspectives dans les services d'enseignement sont favorables pour la période de prévision 2024-2026, avec une croissance de l'emploi légèrement plus importante que l'ensemble des industries de la province.
Les investissements en éducation et en enseignement supérieur prévus dans le budget 2024-2025 contribueront à la bonne performance du secteur, mais l'incertitude économique et politique pourrait avoir une incidence négative sur la mise en uvre de certaines mesures.
Le manque de personnel et la désuétude des établissements sont des enjeux majeurs dans le réseau scolaire québécois.
À PROPOS DU SECTEUR
Composition et importance du secteur
L'éducation et l'enseignement supérieur est le second secteur en importance du portefeuille des secteurs publics au Québec, après la santé et les services sociaux.
Dans ce secteur, la demande est modulée par l'effectif scolaire, c'est-à-dire le nombre de jeunes âgés de 4 à 25 ans inscrits dans un établissement d'enseignement, tandis que l'offre de services découle principalement des dépenses publiques.
Pour la période de 2021 à 2023, l'emploi moyen s'est établi à 345 000 travailleurs, ce qui représente 7,9 % de l'emploi total du Québec. À titre comparatif, la part occupée par les services d'enseignement dans la moyenne canadienne est de 7,5 % des emplois et de 7,3 % en Ontario.
Le secteur de l'enseignement est constitué d'établissements publics et privés, regroupés dans les écoles primaires et secondaires (61,7 % des emplois), les collèges communautaires et cégeps (11,5 %), les universités (17,7 %) et les autres services d'enseignement (9,1 %).
Écoles primaires et secondaires | Collèges communautaires et cégeps | Universités | Autres écoles et services de soutien à l'enseignement |
---|---|---|---|
61.7 % | 11.5 % | 17.7 % | 9.1 % |
Répartition géographique de l'emploi
Les emplois sont répartis à travers l'ensemble des régions de la province, mais ils sont proportionnellement plus nombreux en milieu urbain, comme dans la région métropolitaine de Montréal où l'on retrouve plus d'un emploi sur deux (55,9 %), ainsi qu'en Montérégie (17,9 %) et dans la Capitale-Nationale (9,0 %). Cela s'explique par la répartition de la population sur le territoire, mais également par la présence plus importante d'institutions universitaires dans ces régions.
Le portrait de la ville de Montréal est particulier puisque le réseau scolaire est composé du plus grand nombre d'écoles anglophones au Québec, de même que de la proportion la plus importante d'élèves issus de l'immigration au primaire et secondaire. Cela va de pair avec les caractéristiques démographiques de la population de cette région.
Les régions éloignées des grands centres urbains, telles que la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, la Côte-Nord et le Nord-du-Québec, l'Abitibi-Témiscamingue et le Bas-Saint-Laurent sont quant à elles moins significatives sur le plan de l'emploi, ne regroupant que 5,5 % des emplois du secteur. En plus d'une immigration plus faible, l'exode des jeunes âgés de 15 à 24 ans vers les grands centres urbains constitue un défi pour ces régions qui détiennent le bilan migratoire interrégional négatif parmi les plus importants au Québec pour cette tranche d'âge, bien que la situation semble s'améliorer. Selon les données 2022-2023 de l'Institut de la statistique du Québec, le déficit migratoire pour cette tranche d'âge est moins important qu'au début des années 2000.
TABLEAU 1 Emploi par région
Région | Emploi moyen 2021-2023 |
Part de l'emploi total |
---|---|---|
Canada | 1 471 700 | 7,5 % |
Québec | 345 000 | 7,9 % |
Ontario | 558 400 | 7,3 % |
MAIN-D'UVRE
Caractéristiques de la main-d'uvre
La main-d'uvre dans les services d'enseignement est majoritairement féminine, composée à 68,1 % de femmes. La proportion augmente même à 74,7 % dans les établissements scolaires de niveaux primaire et secondaire.
Les employés sont également plus jeunes, avec moins de travailleurs âgés de 55 ans et plus, que la moyenne provinciale (19,3 % contre 21,9 %) et plus solarisés avec 65,0 % détenant un grade universitaire, comparativement à 31,7 % pour la moyenne de l'ensemble des secteurs.
La charge de travail s'est complexifiée et alourdie au cours des dernières années, ce qui peut expliquer que certains enseignants demandent une réduction de leur temps de travail. La proportion d'employés travaillant à temps partiel est ainsi plus élevée dans ce secteur que la moyenne québécoise (24,3 % contre 18,1 %).
Principales professions
En raison du poids du sous-secteur des écoles primaires et secondaires, les enseignants aux niveaux primaire et préscolaire, ainsi que les enseignants du secondaire occupent la part combinée de l'emploi la plus importante (31,1 %).
Sur les trois autres professions les plus significatives en termes d'emplois, deux se retrouvent au postsecondaire, soit les enseignants au niveau collégial et les assistants d'enseignement au niveau postsecondaire qui regroupent 13,9 % de l'emploi.
Les éducateurs et aides-éducateurs de la petite enfance occupent également une place importante du secteur, avec 7,2 % des emplois.
TABLEAU 2 Principales professions du secteur
Profession | Emploi moyen 2021-2023 |
Part du secteur |
---|---|---|
41221 Enseignants/enseignantes aux niveaux primaire et préscolaire | 59 790 | 18,1 % |
41220 Enseignants/enseignantes au niveau secondaire | 43 075 | 13,0 % |
41210 Enseignants/enseignantes au niveau collégial et autres instructeurs/instructrices en formation professionnelle | 27 085 | 8,2 % |
42202 Éducateurs/éducatrices et aides-éducateurs/aides-éducatrices de la petite enfance | 23 700 | 7,2 % |
41201 Assistants/assistantes d'enseignement et de recherche au niveau postsecondaire | 18 685 | 5,7 % |
ÉVOLUTION RÉCENTE
Le secteur des services d'enseignement avait connu un accroissement quasi continu de l'emploi. La tendance haussière s'est toutefois accélérée avec la pandémie et les nombreux investissements réalisés pour soutenir l'apprentissage et la relance économique. En 2020, le secteur a ainsi enregistré une croissance de ses effectifs plus importante que la moyenne, pour ensuite culminer en 2021 et atteindre son plus haut niveau historique d'emplois. Bien que le nombre de ceux-ci se soit replié en 2022 et stabilisé en 2023, il se situe toujours au-dessus du niveau prépandémique, ce qui témoigne des besoins élevés du réseau scolaire québécois.
L'effectif étudiant au Québec suit également une trajectoire à la hausse, mais modérée depuis 2014. Bien que l'évolution globale varie en fonction de l'ordre d'enseignement, ces dernières années la croissance des effectifs a été favorisée par l'augmentation de la natalité, la hausse récente de l'immigration, ainsi qu'une augmentation significative des inscriptions d'étudiants étrangers dans les universités de la province, dont le nombre a plus que doublé en une décennie.
Après une période de croissance ininterrompue, la pandémie a entrainé en 2020 une baisse significative du produit intérieur brut (PIB) dans les services d'enseignement. Cet indicateur s'est toutefois redressé rapidement, stimulé par les investissements majeurs postpandémiques dans le milieu de l'éducation et le retour graduel de la clientèle étudiante internationale. Dès 2021, le niveau d'avant la pandémie a été dépassé, pour ensuite se stabiliser l'année suivante. Le PIB a toutefois légèrement diminué en 2023, dû principalement à la grève des travailleurs du secteur public.
2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2018 | 2019 | 2020 | 2021 | 2022 | 2023 | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
PIB réel | 100 | 101 | 101 | 103 | 107 | 110 | 104 | 113 | 115 | 115 |
Nombre d'élèves | 100 | 101 | 102 | 104 | 105 | 105 | 107 | 107 | 110 | 110 |
Emploi | 100 | 103 | 104 | 106 | 105 | 107 | 114 | 132 | 127 | 127 |
* Les données sont exprimées sous forme d'indice où l'année 2014 = 100
PERSPECTIVES D'EMPLOI
Les perspectives dans les services d'enseignement sont favorables pour la période de prévision 2024-2026, avec une croissance de l'emploi qui sera légèrement plus importante que l'ensemble des industries de la province.
Les investissements en éducation et en enseignement supérieur prévus dans le budget 2024-2025 contribueront à la bonne performance du secteur. En plus des sommes consacrées à l'entretien du parc immobilier scolaire, ces investissements permettront de financer des mesures visant à accroître la persévérance et la réussite scolaires, de rendre la formation professionnelle plus attrayante et d'encourager l'inscription et la diplomation dans des domaines prioritaires où il existe une pénurie de main-d'uvre.
Selon le ministère de l'Éducation et celui de l'Enseignement supérieur du Québec, l'évolution globale de l'effectif scolaire devrait être en légère hausse. Plus précisément, les effectifs de niveaux préscolaire (maternelle 5 ans) et primaire devraient stagner, alors que ceux du secondaire et du postsecondaire poursuivront leur croissance, et plus particulièrement pour le niveau le collégial.
De plus, le déploiement des classes de maternelle pour les enfants de 4 ans, non comptabilisé dans les prévisions ci-dessus, pourrait contribuer à la croissance au niveau préscolaire. Cependant, devant l'ampleur de l'enjeu du manque de main-d'uvre et de locaux, le gouvernement du Québec annonce un ralentissement du rythme de développement de ces nouvelles classes.
Par ailleurs, la hausse des salaires et le manque de main-d'uvre qui affecte plusieurs secteurs d'activité au Québec pourraient avoir un impact non négligeable sur la prévision des effectifs inscrits au secondaire et au postsecondaire. Certaines entreprises pourraient se tourner vers des jeunes dans les institutions scolaires, avant même l'obtention de leurs diplômes, pour combler leur manque de main-d'uvre. Une hausse du décrochage scolaire pourrait alors avoir lieu, car non seulement des jeunes décideraient de quitter l'école plus rapidement pour rejoindre le marché du travail, mais d'autres pourraient abandonner l'idée d'un retour aux études. Après un bond important du décrochage au secondaire pendant la pandémie, la situation semble en voie de s'améliorer. Le recul observé dans le nombre de postes vacants lors du ralentissement économique de 2023, et la récente hausse du taux de chômage chez les jeunes pourrait inciter ces derniers à demeurer sur les bancs d'école ou y retourner. De plus, le gouvernement du Québec a annoncé des mesures limitant le nombre d'heures que les jeunes en âge scolaire peuvent consacrer à l'emploi et imposé une limite d'âge minimum pour l'embauche des jeunes par les employeurs pour favoriser la persévérance scolaire.
La hausse des effectifs d'étudiants internationaux fréquentant les établissements postsecondaires devrait se poursuivre, bien que le rythme de croissance puisse ralentir. En effet, dès l'automne 2024, une hausse des tarifs universitaires sera imposée à certains étudiants étrangers et aux étudiants canadiens hors Québec dans les établissements d'enseignements anglophones. À cela se rajoute la volonté du gouvernement du Canada de limiter les résidents non permanents dont les étudiants étrangers. L'incidence serait importante en Ontario, mais pourrait également affecter le Québec.
Le réseau scolaire québécois est confronté à un manque criant de personnel enseignant aux niveaux préscolaire, primaire et secondaire. À cet égard, le gouvernement maintiendra l'incitatif financier afin de garder en poste les enseignants admissibles à la retraite ou de favoriser un retour du personnel retraité à l'enseignement. Aussi, dans le but de pourvoir les postes vacants, les Centres de services scolaires ont de plus en plus recours à l'embauche d'enseignants ne détenant pas le baccalauréat en enseignement et le brevet, communément appelés enseignants non légalement qualifiés. Simultanément de nouveaux programmes sont mis en place pour accélérer la formation des enseignants et d'en qualifier plusieurs par des voies nouvelles.
Ce manque de main-d'uvre touche aussi les services éducatifs, tels que l'orthopédagogie, la psychoéducation, l'orthophonie, l'éducation spécialisée et la psychologie. Une réforme du financement des services destinés aux élèves handicapés ou en difficulté d'apprentissage est entrée en vigueur à la rentrée scolaire 2023 permettant d'offrir davantage de services complémentaires à cette clientèle. Cela ne résorbe toutefois pas le manque de main d'uvre spécialisée pour cette clientèle.
Particularités infrarégionales
Les services d'enseignement sont également aux prises avec l'enjeu de la désuétude des établissements. Plusieurs écoles primaires et secondaires se trouvent dans un état préoccupant, mais les régions de Montréal et Laval sont celles où l'on en retrouve la proportion la plus élevée. Sur le plan des ressources humaines, cette problématique peut avoir un impact sur le bien-être des employés, ainsi que sur la rétention du personnel. Des sommes sont prévues dans le Plan québécois des infrastructures 2024-2034 pour le maintien du parc immobilier scolaire et la bonification de celui-ci. Toutefois, en raison de l'incertitude économique, le gouvernement du Québec a révisé à la hausse son déficit budgétaire pour l'exercice financier 2023-2024, et par le fait même, a été contraint d'abaisser les sommes initialement allouées pour l'accomplissement de travaux de réfection et la mise en uvre de projets de bonification d'espaces.
Les régions périphériques de Montréal, telles que la Montérégie, Laval, Lanaudière et les Laurentides bénéficient du phénomène de la migration interrégionale. En effet, les familles quittent la Métropole pour s'établir dans les régions adjacentes depuis quelques années, mais le phénomène a pris de l'ampleur avec la pandémie. Pour ces régions, cela se traduit par une augmentation des inscriptions, et donc, un surplus d'élèves dans les établissements scolaires. Dans l'attente de la réalisation de projets d'agrandissement ou de construction de nouvelles écoles, le manque de locaux demeure un enjeu pour les Centres de services scolaires de ces régions.
De plus, avec le nombre record d'immigrants reçus au Québec en 2023, les Centres de services scolaires, particulièrement ceux de la région métropolitaine de Montréal font face à une augmentation importante des inscriptions d'élèves allophones dans les classes d'accueil. Le programme de francisation enrichi offert aux nouveaux arrivants en salles de classe, en ligne ou en entreprise est également en forte demande. En raison de la montée de l'immigration temporaire, et malgré la bonification des investissements du gouvernement du Québec pour promouvoir la francisation, la demande dépasse largement l'offre de cours. Les réductions planifiées de l'immigration temporaire n'affecteront que de manière très limités cette donne.
Aussi, les campus satellites sont des sites d'activités universitaires délocalisées, et ceux-ci ont connu une expansion rapide ces dernières années. Ils permettent ainsi de réduire de plus en plus la barrière de la distance qui persiste dans l'accès aux études supérieures pour les étudiants habitant dans les régions éloignées de grandes villes.
En somme, les services d'enseignement continueront d'occuper une place centrale dans les priorités gouvernementales, tant au niveau provincial que local, au cours de l'horizon de prévision. Malgré les défis économiques et les enjeux liés à la main-d'uvre, une croissance maîtrisée des effectifs dans le secteur est anticipée.
POUR PLUS D'INFORMATION
Les auteurs ont pris un soin particulier à rédiger ce document en fondant leurs recherches sur des informations sur le marché du travail qui étaient exactes et pertinentes au moment de la publication. Le marché du travail étant en évolution constante, les données fournies peuvent avoir changé depuis la publication de ce document. Nous encourageons les lecteurs à consulter d'autres sources pour obtenir des renseignements supplémentaires sur l'économie et le marché du travail locaux. Les renseignements présentés dans ce document ne reflètent pas nécessairement les politiques officielles d'Emploi et Développement social Canada.
Préparé par : Direction de l'analyse du marché du travail, Service Canada, Québec. Pour de plus amples informations, veuillez communiquer avec l'équipe de l'IMT
ANNEXE
TABLEAU A1
Répartition géographique de l'emploi et perspectives d'emploi au Québec, moyenne 2021-2023
Services d'enseignement | |||
---|---|---|---|
Région | Part de l'emploi au Québec |
Part de l'emploi dans la région |
TCAM* |
Ensemble du QUÉBEC | 100,0 % | 7,9 % | 3,6 % |
Abitibi-Témiscamingue | 1,5 % | 7,1 % | 3,0 % |
Bas-Saint-Laurent | 2,0 % | 7,8 % | –1,6 % |
Capitale-Nationale | 9,0 % | 8,0 % | 3,1 % |
Centre-du-Québec | 2,7 % | 7,2 % | –2,4 % |
Chaudière-Appalaches | 4,4 % | 6,7 % | 5,0 % |
Côte-Nord / Nord-du-Québec | 1,2 % | 8,2 % | 5,8 % |
Estrie | 4,1 % | 8,8 % | 2,9 % |
Gaspésie–Les-Îles | 0,8 % | 7,6 % | 11,9 % |
Lanaudière | 5,9 % | 7,5 % | –3,8 % |
Laurentides | 5,8 % | 6,0 % | 4,1 % |
Mauricie | 2,7 % | 7,9 % | –5,9 % |
Montérégie | 17,9 % | 7,4 % | 7,8 % |
Outaouais | 4,9 % | 8,2 % | –0,5 % |
Saguenay–Lac-Saint-Jean | 2,9 % | 8,1 % | 11,2 % |
Montréal(région métropolitaine) | 55,9 % | 8,2 % | 5,1 % |
* Taux de croissance annuel moyen des trois dernières années.
TABLEAU A2
Caractéristiques de la main-d'uvre au Québec, moyenne 2021-2023
Services d'enseignement | |||
---|---|---|---|
Caractéristique | Volume | Part dans le secteur | Part dans l'ensemble des secteurs |
Emploi total | 345 000 | 100 0% | 100,0 % |
Hommes | 110 200 | 31 9% | 52,5 % |
Femmes | 234 800 | 68 1% | 47,5 % |
15-24 ans | 21 000 | 6 1% | 13,2 % |
25-54 ans | 257 400 | 74 6% | 64,9 % |
55 ans et plus | 66 600 | 19 3% | 21,9 % |
Emploi à temps plein | 261 000 | 75 7% | 81,9 % |
Emploi à temps partiel | 84 000 | 24 3% | 18,1 % |
Employé | 332 400 | 96 3% | 88,5 % |
Travailleur autonome | 12 600 | 3 7% | 11,5 % |
Aucun diplôme | 5 200 | 1 5% | 9,3 % |
Diplôme d'études secondaires | 22 500 | 6 5% | 17,7 % |
Certificat ou diplôme d'études postsecondaires | 92 900 | 26 9% | 41,2 % |
Grade universitaire | 224 300 | 65 0% | 31,7 % |
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