Composition et importance du secteur

Le secteur de la fabrication est composé d’entreprises qui transforment ou restituent des matériaux en nouveaux produits. Elle est très vaste, comprenant des produits durables ou non durables, finis ou intermédiaires, ainsi que diverses catégories de biens tels que les aliments, les textiles, les produits chimiques, les produits métalliques et les équipements électroniques.

Le secteur de la fabrication représentait 8,1 milliards de dollars (7 %) du produit intérieur brut (PIB) du Canada atlantique en 2023. Lors de cette même année, on y comptait plus de 3 900 employeurs et 81 500 travailleurs. Sa sous-industrie la plus importante était celle des produits de la transformation des aliments et des boissons qui représentait 31 % de l'emploi. Une grande partie des employés dans cette sous-industrie travaille dans des entreprises de transformation des produits de la mer. Vient ensuite celle des produits forestiers (15 %), suivi par celui de la fabrication d'équipements de transport (9 %). Le secteur est extrêmement diversifié et comprend un certain nombre de petites activités regroupées sous l'appellation « autre emploi » (30 %).

Répartition géographique de l’emploi

C'est en Nouvelle-Écosse que l'on trouve le plus grand nombre de travailleurs, avec une moyenne de 35 700 employés en 2023. Le secteur y représente 7,2 % de l'emploi et 7,0 % de la production économique. Vient ensuite le Nouveau-Brunswick, avec ses 27 700 employés. Le secteur de la fabrication en constitue 7,3 % de l'emploi et 9,3 % du PIB. Pour sa part, Terre-Neuve-et-Labrador employait 9 500 personnes de l'industrie en 2023, soit 4,0 % de l'emploi de la province. Comparativement aux autres provinces de l'Atlantique, c'est à l'Île-du-Prince-Édouard que la part de la main-d'oeuvre employée dans cette industrie est la plus importante, soit 9,1 %. Cette situation peut être attribuée à l'emploi dans l'industrie de la transformation des aliments. En effet, cette dernière contribue à 12,3 % de la production économique provinciale.

Emploi par province

Caractéristiques de la main-d'oeuvre

La main-d'oeuvre du secteur de la fabrication au Canada atlantique est dominée par les hommes, ceux-ci représentant 74 % de l'emploi en 2023. En comparaison, si l'on considère l'ensemble des secteurs, les hommes représentent environ la moitié des effectifs, soit 50,7 %. De plus, les travailleurs du secteur sont légèrement plus âgés que ceux des autres secteurs, puisque 25,7 % d'entre eux sont âgés de 55 ans et plus, comparativement à 23,4 % pour l'ensemble des secteurs.

Une grande partie des travailleurs de l'industrie est employée à temps plein et occupe des postes permanents. En 2023, les employés temporaires ne représentaient que 9,9 % des emplois et seule une petite partie des travailleurs (3,3 %) étaient indépendants. Les emplois exigeant une formation universitaire sont rares. En 2023, près de la moitié des travailleurs du secteur détenaient un certificat ou un diplôme d'études postsecondaires (40,4 %) comme niveau de qualification le plus élevé, 29,4 % des travailleurs avaient un diplôme d'études secondaires et 10,6 % n'avaient aucun certificat.

Principales professions 

La profession la plus représentée est celle de directeur de la fabrication, qui regroupe 4,1 % de l'industrie. Ils planifient, organisent, dirigent, contrôlent et évaluent les activités d'un service de production manufacturière. Les mécaniciens de chantier et les mécaniciens industriels constituent la deuxième profession la plus répandue dans l'industrie en représentant 3,9 % de l'emploi. Ce groupe a également connu une croissance considérable, en hausse de 48 % depuis 2013.

Les emplois dans la transformation du poisson et des fruits de mer ont tendance à être faiblement rémunérés, sont situés en milieu rural et sont saisonniers. Il existe d'autres sous-industries de la fabrication qui ne sont pas saisonnières, telles que la construction navale, la fabrication de pneus et le raffinage du pétrole.

5 plus importantes professions

L'emploi dans le secteur de la fabrication a été durement touché par la pandémie de COVID-19, mais a ensuite rebondi au point de dépasser les niveaux d'avant la pandémie.

Les expéditions de produits de la fabrication ont diminué dans 6 des 10 provinces canadiennes en 2023. La baisse de leur valeur peut être attribuée à la diminution des prix de certains produits de base tels que le nickel, le crabe des neiges et le minerai de fer. La baisse la plus importante (13,4 %) a été observée à Terre-Neuve-et-Labrador, où ces livraisons ont totalisé 3,3 milliards de dollars en 2023. L'Île-du-Prince-Édouard a connu le taux de croissance le plus élevé sur ce plan (12,3 %), avec des expéditions manufacturières d'une valeur de 3,4 milliards de dollars.

Les biens manufacturés du Canada atlantique sont vendus localement et à l'étranger. Les exportations de ces produits ont été affectées par la diminution de la demande étrangère, les taux d'intérêt élevés, la baisse des prix des produits de base et les tensions géopolitiques. Par conséquent, la valeur des exportations en 2023 a diminué dans toutes les provinces de l'Atlantique, à l'exception de l'Île-du-Prince-Édouard. Terre-Neuve-et-Labrador a connu la plus forte baisse des exportations (15,1 %), et leurs valeurs ont totalisé environ 2,5 milliards de dollars en 2023. Les exportations de l'Île-du-Prince-Édouard ont augmenté de 17,4 % en 2023 et totalisent plus de 2,3 milliards de dollars; c'est la première fois que les exportations dépassent la barre des 2 milliards de dollars.

Il a été rapporté que le secteur est confronté à une charge fiscale relativement lourde, à un environnement réglementaire inadéquat et à l'absence d'une stratégie nationale en matière de fabrication avancée. Les consultations avec les intervenants de l'industrie ont révélé que l'inflation, les coûts d'emprunt et les pressions financières constituaient des défis supplémentaires. En outre, les industries sont confrontées à des obstacles liés à la pénurie de travailleurs et de compétences. Les postes difficiles à pourvoir sont ceux d'ouvriers de manoeuvres et qualifiés comme les mécaniciens, les soudeurs et les fabricants de matériaux composites.

Selon les données de l'enquête sur les postes vacants et les salaires menée par Statistique Canada, il y avait 3 070 emplois à pourvoir en 2023. Le taux de postes vacants a considérablement diminué, passant de 4,9 % en 2022 à 3,7 % en 2023, mais il demeure plus élevé que la moyenne de 2,8 % observée avant la pandémie. Si tous les secteurs sont concernés par les difficultés de recrutement, le problème semble particulièrement préoccupant dans le secteur des produits de la transformation des aliments et des boissons. Les emplois y sont généralement saisonniers, mal rémunérés et en milieu rural. En ce qui a trait à la transformation des produits de la mer en particulier, le Conseil économique des provinces de l'Atlantique (CÉPA) a indiqué que le nombre de postes vacants en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick s'élevait en moyenne à plus de 1 700 au cours du premier semestre de 2022, soit le double de ce qu'il était en 2017.

En raison des pénuries de travailleurs, de nombreuses industries commencent à faire appel à des TET pour combler les manques. Le CÉPA a indiqué qu'en 2022, 60 % des TET du Canada atlantique étaient employés par l'industrie de la transformation des produits de la mer. Cependant, de nombreuses associations industrielles craignent que les changements apportés au Programme des TET ne nuisent à leur capacité de recrutement. Le gouvernement fédéral a annoncé que les employeurs verront une réduction de 30 % à 20 % de leur effectif total pouvant être recruté par le biais du Programme des travailleurs étrangers temporaires dans le cadre du volet des bas salaires, et que les nouvelles évaluations de l'impact sur le marché du travail seront valides pour une période de six mois (au lieu de 12 mois).^{Footnote 1}

La diminution des captures de homard a eu un impact sur les entreprises qui en font la transformation, ce qui a amené certaines d'entre elles à fermer définitivement leurs portes dans la région. En outre, la diminution des réserves de homard est l'un des facteurs contribuant à la baisse de la demande de construction de nouveaux navires, en particulier ceux destinés à la pêche commerciale.

Selon une analyse effectuée par Service Canada, le secteur de la fabrication au Canada atlantique devrait croître de 1,5 % par année en moyenne au cours de la période de 2024 à 2026. Ce taux est légèrement inférieur à la moyenne de l'ensemble des industries, qui se situe à 1,7 %. La province de l'Atlantique où le taux de croissance de l'emploi dans la fabrication est le plus élevé est l'Île-du-Prince-Édouard, dont la croissance prévue est de 4,7 % par année. Le taux de croissance annuel moyen de l'emploi dans la fabrication au Nouveau-Brunswick, qui est de 0,8 %, devrait être le plus faible de toutes les provinces de cette région.

Le secteur de la fabrication de la région devrait se redresser après le ralentissement observé en 2023. Les exportations devraient augmenter dans l'ensemble de la région au cours des prochaines années, à mesure que la conjoncture mondiale et la demande étrangère s'améliorent et que les prix des produits de base restent relativement stables.

Une étude du marché du travail menée par Compétences Transformation Alimentaire Canada a révélé que l’industrie devra embaucher et retenir plus de 142 000 nouveaux employés entre 2023 et 2030 à travers le pays pour pourvoir les postes actuellement vacants et remplacer les travailleurs approchant l’âge de la retraite. Le CÉPA prévoit que 7 500 postes seront à pourvoir d’ici 2030 uniquement dans l’industrie de la transformation des produits de la mer. Les pénuries de personnel ont limité la croissance de l’emploi dans l’industrie des produits de la transformation des aliments et des boissons, et les employeurs s’en sont remis à l’automatisation pour combler les lacunes, ce qui limitera encore davantage la croissance de l’emploi.

La forte activité de construction dans les grands projets et la construction résidentielle augmentera la demande de fabrication de produits métalliques et de produits en bois.

L'activité relative aux carburants renouvelables devrait connaître une certaine croissance. Fuels Canada a établi que les carburants verts, tels que l'hydrogène et le diesel renouvelable, constituent la principale opportunité à saisir pour l'industrie. Ce constat est conforté par l'engagement du gouvernement fédéral de consacrer 1,27 milliard de dollars à la construction de nouvelles installations de biocarburants, par le biais d'un financement de la Banque de l'infrastructure du Canada et d'une modification du Fonds pour les combustibles propres.

Braya Renewable Fuels, installée à Terre-Neuve-et-Labrador, entend entamer la deuxième phase de la conversion de sa raffinerie en vue de produire du carburéacteur renouvelable. L'usine devrait également produire 18 000 barils de diesel renouvelable par jour grâce à ses 200 employés à temps plein. Everwind Fuels, entreprise de la Nouvelle-Écosse, envisage de mener à bien le premier projet de production d'hydrogène vert au Canada atlantique. Son investissement de 3,4 milliards de dollars dans la première phase de son projet de Point Tupper devrait générer une contribution de 1,3 milliard de dollars au produit intérieur brut de la province et créer plus de 5 000 emplois équivalents temps plein.